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Un régime acidifiant peut-il conduire à une acidose métabolique ?

A-t-on intérêt à suivre un régime alimentaire basé sur l'équilibre acide-base, ou est-ce une perte de temps comme on l'entend souvent ?

Une grande confusion règne dans la presse grand public sur la question de l’équilibre acide-base, le rôle de l’alimentation, et ce qu’on appelle l’acidose chronique de bas grade. Il est de bon ton en effet dans certains médias de contester que le régime alimentaire puisse avoir une quelconque influence sur le pH sanguin puisque celui-ci est étroitement régulé. Tout au plus concède-t-on un léger effet sur le pH urinaire : le concept même d’alimentation acidifiante ou alcalinisante serait donc faux, et il serait inutile d’en tenir compte pour s’alimenter.

Cet article vise à clarifier le concept même d'équilibre acide-base et montrer qu'un régime acidifiant peut en réalité conduire à une acidose métabolique de bas grade.  


Aliments acidifiants, alcalinisants et systèmes de régulation

Un régime alimentaire classique produit chaque jour de l’acide via le catabolisme des protéines, les acides organiques, l’acide phosphorique et d’autres acides comme l’acide chlorhydrique.

Il produit aussi des bases issues des sels de potassium, mais aussi des sels de magnésium et calcium.

Un régime occidental-type avec beaucoup de protéines animales, de produits céréaliers, de sel (acidifiants), relativement peu de fruits et légumes (alcalinisants), génère donc une charge acide nette importante, liée notamment à la présence d’acides aminés soufrés, de phosphore et de chlore.

Pourtant, même dans ces conditions où apparaît une charge acide nette élevée, l’équilibre acide-base d’un adulte en bonne santé est maintenu dans des limites étroites.

Le corps humain tend en effet à maintenir un pH compris entre 7,35 et 7,45 soit d’environ 7,40 (alcalin) dans le liquide extracellulaire, en excrétant par les poumons le dioxyde de carbone, et par les reins les acides ou bases non-carboniques (non volatils). C’est la raison pour laquelle un régime riche en aliments acidifiants conduit à un pH urinaire bas (acide).

Le fait que le pH sanguin s’éloigne peu de 7,40, pourrait donc a priori être interprété comme la démonstration que l’alimentation n’a aucun effet sur le caractère acide ou basique des tissus et donc aucune conséquence sur la santé.


L'alimentation a une influence, l'âge aussi

Les études, tant chez l’homme que chez l’animal, montrent que l’alimentation, lorsqu’elle est fortement acidifiante et riche en sel, peut suffire à induire une acidose métabolique de bas grade : le pH sanguin reste compris dans des valeurs jugées « normales », mais il s’établit dans la partie basse de la fourchette, près de 7,35.

Il en va de même pour les taux de bicarbonates, faiblement abaissés. Lorsque le pH sanguin reste durablement abaissé (mais normal), on parle d'acidose métabolique de bas grade.

Des conséquences de cette acidose de bas grade ont été observées sur le remodelage osseux, la santé des reins, les muscles.

La composition acido-basique du sang évolue au cours de la vie : avec l’âge, l’acidité a tendance à augmenter, alors que le bicarbonate plasmatique a tendance à diminuer : il s'agit bien d'une acidose métabolique de faible niveau. Cette évolution intervient même si la charge acide nette de l’alimentation ne change pas.

Elle est due à plusieurs phénomènes, à commencer par la dégradation de la fonction rénale qui accompagne le vieillissement.

D’autres facteurs liés à l’âge, mais qui n’ont rien à voir avec la fonction rénale, influencent aussi la composition acido-basique du plasma. Comme les modifications hormonales et les changements qui affectent le tissu osseux et les muscles.

Donc, des adultes en bonne santé, sans insuffisance rénale, qui consomment un régime alimentaire pourvoyeur d’une charge acide nette ont un degré d’acidose métabolique qui s’accentue avec l’âge.  Cette acidose peut s’expliquer en partie par une petite diminution de la fonction rénale, normale et non pathologique.


Le maintien d’un pH sanguin « normal » a des conséquences métaboliques

Le degré d’acidose métabolique faible qu’on peut observer dans le plasma sous-estime le niveau des dommages supportés par l’organisme du fait de l’acidose.

En effet, le corps doit mettre en œuvre des mécanismes de compensation qui ont un coût : qu’il s’agisse de mobiliser les bases osseuses (risque de fragilité), ou encore diminuer la production et l’excrétion rénales de citrate (risque de calcul rénal). 


En pratique

L’acidose métabolique de bas grade est une réalité, y compris pour des valeurs de pH sanguin dites « normales » et une fonction rénale normale.

Il convient donc d’adopter à tout âge un régime alimentaire « alcalinisant » afin non seulement de prévenir l’acidose métabolique de bas grade qui apparaît et s’accentue avec l’âge, y compris chez les adultes en bonne santé, mais aussi soulager les mécanismes de neutralisation rénaux, osseux et musculaires qui dans le cas inverse seraient mis à contribution.

Il faut d’ailleurs souligner qu’un régime alcalinisant n’est pas contraignant puisqu’il correspond aux recommandations nutritionnelles qui visent à augmenter la part des végétaux et réduire la part des protéines animales et du sel.

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